Powens : transformer la donnée en leviers d’action intelligents, prédictifs et utiles

Mise à jour : 10 avril 2025 Temp de lecture : 7 min

Jean Guillaume, CEO de Powens, revient pour FinMag sur le concept de l’Open Banking, et la transformation profonde qu’il permet aux services financiers.

Encadrée par une réglementation stricte, cette technologie permet aux utilisateurs de reprendre la main sur leurs données bancaires et de les partager de façon sécurisée. Voici un tour d’horizon des usages déjà bien installés — et de ceux qui restent à inventer.

Powens : transformer la donnée en leviers d’action intelligents, prédictifs et utiles

Qu’est ce que l’Open Banking ?

L’Open Banking est une technologie encadrée par un cadre réglementaire. Elle permet à un utilisateur, particulier ou entreprise, de récupérer en temps réel ses propres données bancaires, pour les exploiter ou les transmettre, dans plusieurs contextes, et de manière entièrement sécurisée.

Quels sont les domaines d’application de l’Open Banking ?

On peut regrouper ses usages en trois grands univers :

  • Le copilote financier

L’Open Banking permet, avec le consentement de l’utilisateur, de partager son historique de transactions (passé et présent) avec des outils tiers.

Cela permet de créer une expérience enrichie via des outils de gestion des finances personnelles (ou personal finance management, PFM). La plupart des banques proposent aujourd’hui ces fonctionnalités dans leurs applications :

  • Centralisation de tous les comptes, même s’ils sont détenus dans d’autres banques.
  • Catégorisation automatique ou manuelle des dépenses (transport, loisirs, restauration, etc.)
  • Alertes en cas de dépassement de budget ou de prélèvements à venir.

Powens donne accès à ces services à presque toutes les banques françaises.

Un prolongement naturel de ce premier cas d’usage est l’univers du wealth management.
Grâce à l’Open Banking, les sociétés de gestion, conseillers en gestion de patrimoine ou asset managers peuvent accéder en temps réel à la situation financière d’un client. Cela leur permet de proposer des solutions patrimoniales sur mesure, basées sur une vision complète et actualisée du patrimoine du client.

  • L’univers du prêt

Dans le secteur du prêt, l’Open Banking permet à tous types de prêteurs – qu’il s’agisse de crédit à la consommation ou de financement aux entreprises – d’accéder en temps réel aux données financières et d’identité de leurs clients.

Cela permet notamment de :

  • Vérifier l’identité du client et la possession réelle d’un compte bancaire
  • Détecter d’éventuelles tentatives de fraude
  • Évaluer la solvabilité de manière plus fine et rapide

Cette approche offre plusieurs avantages : une meilleure expérience utilisateur (plus besoin de transmettre manuellement des justificatifs), un processus automatisé avec un temps de traitement réduit, la réduction des risques pour les prêteurs, avec au final un taux d’octroi et de conversion améliorés. C’est aujourd’hui l’un de nos principaux leviers de croissance.

En France, nous travaillons avec la quasi-totalité des sociétés de crédit à la consommation et de paiement fractionné (BNPL). En Espagne, nous couvrons une grande partie du marché.

  • La réconciliation

Le troisième grand domaine d’application de l’Open Banking concerne la réconciliation des transactions, principalement au bénéfice des outils de gestion d’entreprise, des ERP (progiciels de gestion intégrés), et du secteur de la proptech.

Concrètement, grâce à l’Open Banking, les utilisateurs peuvent, via leur ERP ou autre logiciel métier, récupérer en temps réel l’ensemble de leurs historiques de transactions et de factures. Cela facilite considérablement la préparation des écritures comptables, en automatisant la collecte et l’appariement des données bancaires et des factures.

Ce cas d’usage connaît une forte croissance, aussi bien en France qu’en Espagne.

Il complète les deux autres univers (copilote financier et crédit), et à eux trois, représentent environ 80 % de notre activité actuelle et de notre développement à venir.

Quels domaines restent sous-exploités dans l’Open Banking aujourd’hui, et que faudrait-il selon vous pour débloquer leur potentiel ?

Je vois deux axes déjà dans l’air du temps, mais qui mériteraient d’être réellement poussés. Et je pense que le régulateur a un rôle clé à jouer dans cette évolution.

Le premier, c’est la donnée de patrimoine et d’assurance, qui n’est pas encore couverte par le périmètre de la réglementation actuelle. Aujourd’hui, la DSP2 oblige les banques à rendre accessibles les données des comptes bancaires courants, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Nous avons développé une capacité à fournir l’accès aux comptes d’épargne ou d’investissement. Mais comme ces accès ne passent pas par des API réglementées, cela reste très complexe. Les banques et les asset managers n’ont, à ce jour, aucune obligation d’ouverture, ce qui freine l’usage.

Nous sommes probablement les seuls en France à réussir à le faire proprement, grâce à des investissements techniques très importants. Mais si le régulateur poussait dans ce sens, cela permettrait non seulement d’ouvrir de nouveaux cas d’usage, mais aussi d’en améliorer beaucoup d’existants. Un texte européen actuellement en discussion, appelé FiDA, va dans cette direction — en tout cas c’est ce que nous espérons.

Le deuxième axe, c’est l’initiation de paiement. Ce mécanisme a été ouvert par la précédente réglementation, mais dans les faits, les infrastructures mises à disposition par les banques sont très peu fiables. Concrètement, lorsqu’on initie un paiement via une banque, le taux de succès est d’environ 50 %, pour des raisons principalement techniques.

C’est un vrai frein. Nous avons beaucoup de demandes sur ce sujet, mais il est difficile de répondre à toutes avec un tel taux d’échec. À titre de comparaison, les paiements par carte atteignent des taux de succès de 80 à 90 %.

Pourquoi choisit-on Powens ?

Je dirais en tout premier lieu pour la qualité et le taux de conversion des données collectées. Que ce soit en France, en Espagne, dans le Benelux ou en Italie, nous enregistrons les meilleurs taux de conversion du marché. Autrement dit, nous garantissons un taux de récupération des données parmi les plus élevés. C’est un facteur clé pour nos clients.

Je mentionnerais également la qualité de l’expérience utilisateur. Toutes nos démarches sont conditionnées par le consentement explicite de l’utilisateur, car il s’agit de ses données personnelles. Nous veillons à proposer des interfaces fluides, compréhensibles et rapides, afin de rendre ce processus aussi simple que possible. Cet aspect constitue un levier différenciant essentiel, et contribue fortement à l’adoption des cas d’usage que nous proposons.

Enfin, et c’est probablement là où réside notre plus fort potentiel d’accélération, notre capacité à enrichir la donnée brute pour offrir des services à valeur ajoutée. Il s’agit d’ajouter de l’intelligence à la donnée : par exemple, dans un cas d’usage lié au crédit, au-delà de la transmission de l’historique des transactions, nous sommes en mesure de calculer automatiquement le revenu moyen, les charges contraintes ou encore le reste à vivre d’un utilisateur. Pour des acteurs du financement tels que des prêteurs alternatifs, des sociétés de lending ou de financement d’équipements, ces informations représentent un gain de temps précieux, notamment s’ils ne disposent pas d’équipes de gestion des risques aussi développées que les grandes banques.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

L’avenir pour nous, c’est avant tout notre capacité à apporter plus de valeur dans les usages que nous adressons. Il ne s’agit plus seulement de fournir de la donnée, mais de comprendre en profondeur le métier de nos clients pour aller plus loin dans ce que nous leur proposons. Cela signifie ajouter de l’intelligence, de la prédiction, bref, être un véritable partenaire dans leur quotidien. C’est une direction dans laquelle nous voulons vraiment avancer.

Un autre axe d’évolution qui nous tient particulièrement à cœur, c’est le développement géographique. Certains pays sont aujourd’hui dans une situation similaire à celle de l’Europe il y a dix ans sur ces sujets. C’est le cas du Mexique, où nous avons une activité naissante, en forte croissance. Pour nous, y déployer notre savoir-faire, faire gagner du temps à ces marchés et les aider à se moderniser est extrêmement intéressant.

L’Europe reste aussi un territoire clé. Nous pensons qu’une consolidation est inévitable sur notre marché, au moins à l’échelle du continent. Aujourd’hui, chacun développe ses connecteurs pour accéder à des données assez similaires, et tout le monde cherche à construire des services à valeur ajoutée par-dessus. À part nous et quelques rares acteurs, le marché reste très fragmenté, avec beaucoup de petits acteurs locaux qui n’ont pas les moyens d’accompagner cette transformation. Nous nous positionnons comme un des candidats naturels à cette consolidation, pour réaliser des économies d’échelle mais aussi pour proposer à nos clients transfrontaliers un service cohérent, capable de les accompagner dans tous les pays où ils sont présents.

Enfin, nous avons récemment annoncé un partenariat dont nous sommes très fiers avec l’association CRÉSUS, qui accompagne les personnes en situation de fragilité financière ou de surendettement. En tant que mécène, nous leur donnons accès gratuitement à nos technologies. Cela leur permet notamment de proposer une application, Budget Grande Vitesse, destinée à aider les personnes à mieux gérer leur budget, anticiper les difficultés de trésorerie, faire des économies, ou renégocier leurs prêts lorsque c’est possible. Ils en parleraient mieux que nous, car c’est leur métier, mais c’est pour nous une belle illustration de ce que peut être un copilote financier utile, au service de l’intérêt général. Dans un contexte économique tendu, il y a de plus en plus de personnes vulnérables qui peuvent éviter le surendettement à condition d’être bien accompagnées. C’est précisément la mission de CRÉSUS, et nous sommes heureux de contribuer à leur action.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Powens, leur site est accessible https://www.powens.com/ 

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.