Noé Industries : des capitaux au service du redressement des entreprises françaises

Mise à jour : 20 avril 2025 Temp de lecture : 5 min

FinMag rencontre aujourd’hui Gilles Roland, fondateur de Noé Industries.

Face aux chocs économiques récents, crise sanitaire, envolée des coûts, de nombreuses entreprises industrielles françaises se trouvent fragilisées. Noé Industries se donne pour mission de soutenir certaines de ces pépites à travers un accompagnement stratégique et financier ciblé, avec pour objectif la restauration de leur compétitivité.

Noé Industries : des capitaux au service du redressement des entreprises françaises

Pouvez-vous nous présenter Noé Industries ?

Noé Industries a été fondée par trois personnes aux parcours très complémentaires : Michel Rességuier, Pierre Escolier et moi-même.

Michel Rességuier est à la tête depuis plus de vingt ans d’un cabinet spécialisé dans l’accompagnement de dirigeants, en particulier dans des entreprises en difficulté. Il intervient en prenant des mandats sociaux dans des contextes complexes : entreprises en sous-performance, en crise financière ou de gouvernance.

À nos côtés, Pierre Escolier apporte son expérience solide en tant que dirigeant d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) ayant la particularité d’avoir été détenues par des fonds d’investissement. Il a passé sa carrière à gérer des sociétés industrielles de plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, avec de nombreuses usines dans le monde. Il a fait plusieurs LBO, ce qui lui confère une double expertise : il maîtrise à la fois les enjeux industriels opérationnels et les exigences de performance financière imposées par des actionnaires institutionnels exigeants.

Pour ma part, cela fait plus de vingt ans que je rachète à titre personnel des entreprises en difficulté, que ce soit en raison de problèmes d’exploitation ou de déséquilibres bilanciels.

Nous sommes partis du constat qu’il existe en France un besoin réel en la matière, mais un marché encore très peu structuré et peu concurrentiel. Beaucoup d’investisseurs se positionnent sur les start-ups ou les opérations de LBO, mais très peu sont présents pour soutenir des entreprises en difficulté. Or, nous pensons qu’intervenir dans ce contexte, en contribuant à la revitalisation ou à la préservation du tissu économique français, a un réel sens.

C’est dans cette logique que nous avons fondé Noé Industries, une holding d’investissement à capital variable. Nous levons des fonds auprès d’investisseurs, puis procédons à des augmentations de capital pour injecter ces ressources directement dans les entreprises en crise que nous accompagnons.

Dans quel contexte avez-vous fondé Noé Industries ?

La crise du COVID a mis en évidence un besoin massif de liquidités et de renforcement des fonds propres dans de nombreuses entreprises.

En France, il existe très peu de structures capables d’investir des montants de l’ordre de 3 à 5 millions d’euros dans des entreprises en difficulté. Ce manque d’intervenants met en danger de très belles entreprises, simplement parce qu’il n’y a pas assez d’investisseurs capables de dialoguer avec elles et de leur proposer une solution adaptée.

À l’échelle du pays, nous ne sommes probablement qu’une poignée , cinq à dix professionnels, à exercer ce métier de manière active.

Quels types d’entreprises ciblez-vous ?

Nous sommes totalement agnostiques quant aux secteurs des entreprises que nous examinons, mais extrêmement sélectifs dans nos décisions d’investissement.

Nous recevons un grand nombre de dossiers chaque année, mais pour donner un ordre d’idée, nous n’en concrétisons qu’un seul en moyenne par an.

De nombreux critères peuvent nous amener à décliner une opportunité : un potentiel de rentabilité que nous jugeons insuffisant, un manque de pertinence de notre savoir-faire pour accompagner l’entreprise, ou encore un désaccord avec les actionnaires sur les modalités de notre entrée au capital…

Notre objectif est d’investir dans des entreprises françaises réalisant un chiffre d’affaires compris entre 15 et 100 millions d’euros, avec une cible privilégiée autour de 20 à 60 millions.
Nous cherchons des sociétés en difficulté, mais que nous estimons capables de remettre sur pied, grâce à un accompagnement stratégique et un apport en capital.

Les montants que nous investissons se situent généralement entre 3 et 5 millions d’euros, car nous avons, comme tout investisseur, une exigence de rentabilité. Nous ne sommes pas une fondation philanthropique : nous avons l’obligation de générer un retour sur investissement pour nos souscripteurs. Notre ambition est de pouvoir leur restituer 2, 3, voire 4 fois les montants investis. En France, dès qu’on parle d’investissements de 10, 15, 20 millions d’euros ou plus, il devient beaucoup plus difficile d’envisager une rentabilité élevée.

Qui sont vos investisseurs ?

Nos investisseurs sont tous français, à l’exception d’un seul : un important fonds d’investissement allemand. Il s’agit principalement de personnes physiques. Certains sont d’anciens dirigeants d’entreprise ou d’ex-fondateurs de fonds d’investissement. D’autres sont encore en activité, occupant aujourd’hui des fonctions de direction générale, soit au sein d’entreprises, soit au sein de fonds d’investissement.

Quelle est la promesse de Noé Industries ?

Nous n’avons pas d’obligation de déploiement de l’argent, et c’est un point auquel je tiens particulièrement. J’ai vu de nombreux fonds d’investissement contraints de déployer, simplement pour pouvoir relever. Cette pression les pousse parfois à surpayer certaines acquisitions.

Dans ce genre de logique, on finit par voir des opérations conclues à des valorisations de plus en plus élevées, non pas parce que l’entreprise le justifie, mais parce que l’investisseur doit investir. Cela peut devenir totalement déraisonnable.

À l’inverse, notre approche est volontairement patiente et responsable.
Nous n’investissons que lorsque nous sommes convaincus de pouvoir apporter une réelle valeur à l’entreprise. Il n’est pas question pour nous de fragiliser une société avec une opération mal calibrée ; notre objectif est au contraire de l’aider à se redresser durablement.

Par quels canaux les opportunités d’investissement vous parviennent-elles ?

Il peut s’agir d’avocats ou de cabinets comptables spécialisés, qui identifient une entreprise en difficulté parmi leurs clients et nous contactent avec leur accord. Parfois, ce sont des banques d’affaires mandatées pour trouver une solution de sortie ou de retournement qui nous sollicitent. Cela peut aussi venir de mandataires de justice, ou de conciliateurs.

Des groupes industriels nous approchent également, lorsqu’une filiale pose problème et qu’ils cherchent une solution de transmission ou de restructuration.

En réalité, cela peut venir de partout. Mais il y a une particularité importante dans notre activité : nous ne pouvons pas être proactifs.

Si nous prenons l’initiative de contacter une entreprise en difficulté ou son actionnaire, la réponse est quasi systématiquement non. C’est pourquoi nous fonctionnons à l’inverse : nous attendons qu’on vienne à nous.

Notre travail, c’est donc de faire en sorte que les bons relais sachent que nous existons, pour que lorsqu’un besoin réel se présente, on pense naturellement à nous.

Quel est votre implication auprès de ces entreprises après l’investissement ?

L’acquisition, en réalité, est souvent la phase la plus simple.

Si nous décidons d’entrer au capital d’une entreprise, c’est parce que nous sommes convaincus de pouvoir lui apporter une vraie valeur ajoutée. Nous intervenons en apportant une méthodologie de management différente, avec un soutien actif aux équipes dirigeantes. Cela peut aller jusqu’au remplacement de certains membres clés si nécessaire.

Par exemple, dans une entreprise récemment reprise, nous avons détaché l’un de nos collaborateurs en tant que directeur financier pendant six mois, le temps de recruter la personne idoine en interne.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Noé Industries, leur site est accessible https://www.noe-industries.com/fr

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.