Mutuelle Mip 2024 : une relance stratégique et des perspectives solides

Mise à jour : 30 juin 2024 Temp de lecture : 7 min

Julien Remy, Directeur Général Adjoint - Clients de Mutuelle Mip, présente à FinMag cette mutuelle, historiquement dédiée à l’industrie du pétrole, et qui a su se réinventer pour rester pertinente dans un marché en constante évolution.

Depuis l’arrivée de son nouveau Directeur Général Loïc Flichy il y a quatre ans, Mutuelle Mip a relancé sa croissance et modernisé ses processus pour mieux servir ses clients. Aujourd’hui, elle compte 100 collaborateurs répartis entre Paris, Bordeaux, la Normandie et Lyon, et se spécialise dans les contrats collectifs pour les entreprises, avec un focus sur l’assurance santé collective.

Mutuelle Mip 2024 : une relance stratégique et des perspectives solides

Pouvez-vous nous présenter Mutuelle Mip ?

Historiquement, Mutuelle Mip est la Mutuelle de l’Industrie du Pétrole, créée il y a près d’un siècle par les entreprises pétrolières en France pour couvrir leurs collaborateurs. Une grande partie de notre clientèle provient encore de ce secteur.

Depuis l’arrivée de notre nouveau directeur général il y a quatre ans, nous avons voulu donner une nouvelle impulsion à l’entreprise. Après une période de stabilité, dans notre portefeuille de clients comme dans notre organisation, nous avons lancé un nouveau plan stratégique visant à relancer la croissance et à repositionner Mutuelle Mip sur le marché. Nous avons repris contact avec le marché, modernisé nos processus de souscription, de commercialisation et de gestion, et renouvelé notre comité de direction.

Forts de 100 collaborateurs sur 4 sites, nous apportons aujourd’hui une réelle expertise sur la Protection Sociale, en particulier sur notre cœur de métier historique : l’assurance santé collective, c’est-à-dire les contrats souscrits par les entreprises pour leurs salariés.

Comment se porte le marché de la protection sociale aujourd’hui ? À quels enjeux sont confrontés vos clients et adhérents ?

Aujourd’hui, le marché de la protection sociale est entré, à partir de la période du COVID, dans une phase beaucoup plus complexe, et en réalité assez inédite.

Avant le COVID, le marché était assez stable, avec une augmentation annuelle des dépenses relativement modeste, autour de 2 à 3 %. Nous faisions quand même face à de nombreuses réformes réglementaires, visant à améliorer la rémunération des professions médicales et à offrir une meilleure couverture aux adhérents. La conséquence a été de rendre le travail des assureurs plus complexe et de compliquer la compréhension des adhérents, en plus d’entraîner une hausse des dépenses.

Pendant le COVID, les dépenses ont fortement diminué puisque les assurés restaient chez eux. Dès la fin de la pandémie, nous avons observé une accélération significative des dépenses. Nous avons pensé qu’il pouvait s’agir d’une forme de rattrapage, et qu’il serait temporaire. Pourtant, cette hausse ne s’est pas arrêtée et continue encore aujourd’hui.

Actuellement, les dépenses augmentent de 5 à 8 % par an. Cela signifie que si une entreprise dépensait 100 000 € en frais de santé une année, elle en dépensera entre 105 000 et 108 000 € l’année suivante. C’est une dérive rapide !

Y a-t-il une explication à cette hausse des dépenses en frais de santé ?

Il y a plusieurs facteurs à considérer. Tout d’abord, nous faisons face à de nombreuses évolutions réglementaires. Elles ont commencé bien avant le COVID, mais ont clairement accéléré depuis. Par exemple, la convention médicale pour les médecins généralistes a été renégociée, ce qui a fait passer les tarifs de consultation de 25 € à 26,50 €, puis à 30 € en décembre 2024. Les pharmaciens viennent également de renégocier leur convention, et d’autres professions médicales souhaitent suivre cette tendance. Le contrat responsable et le dispositif 100% santé ont apporté leur lot de remboursements supplémentaires, et les remboursements des laboratoires d’analyses ont évolué. Les tests COVID, autrefois pris en charge à 100% par la sécurité sociale, sont maintenant renvoyés vers les complémentaires. Dans le domaine dentaire, même sans dépassement d’honoraires, la sécurité sociale a transféré 10% des coûts vers les mutuelles. Beaucoup de changements, certains invisibles pour les adhérents, d’autres très visibles, impactent les dépenses d’environ 5% chaque année, en plus d’une dérive “classique” de 2-3%.

Deux autres phénomènes compliquent la situation. Premièrement, la fraude, qui n’a jamais été aussi répandue, qu’elle provienne des adhérents ou des professionnels de santé. Les mutuelles se dotent de moyens pour la combattre, mais elle reste en hausse. Deuxièmement, l’optimisation par les professionnels de santé. Autrefois, une consultation se terminait par une seule facture. Aujourd’hui, une visite chez un professionnel de santé peut engendrer plusieurs actes facturés, comme des radios et analyses, ce qui augmente considérablement la facture totale. Il ne s’agit pas là de fraude, mais cette organisation peut multiplier par 2 ou 3 le coût à supporter par la sécurité sociale et les complémentaires santé.

Ces coûts supplémentaires entraînent une augmentation des cotisations pour les adhérents. Les entreprises clientes, qui contribuent a minima à hauteur de 50% des cotisations, sont également impactées. Elles n’ont pas toujours les moyens d’accepter des hausses de cotisation de 10, 15 ou 20%, surtout en ce moment.

Cette situation pousse certaines entreprises et adhérents à envisager des couvertures moins étendues, car maintenir les garanties existantes peut devenir trop coûteux. La corrélation entre l’augmentation des dépenses et celle des cotisations n’est pas toujours évidente pour les adhérents, compliquant les négociations. Annoncer une augmentation de 20% des cotisations à une entreprise est un défi, car cela représente un budget important tant pour l’entreprise que pour les salariés, rendant les discussions difficiles.

Pourquoi un adhérent devrait-il choisir une mutuelle, et en particulier Mutuelle Mip, plutôt qu’un assureur ?

Il existe trois catégories d’acteurs en assurance : les assureurs, les institutions de prévoyance et les mutuelles.

Les assureurs sont des entreprises traditionnelles avec des actionnaires, des bénéfices et des résultats financiers, les institutions de prévoyance sont des entreprises gouvernées par les partenaires sociaux, et les mutuelles sont des structures créées par des adhérents pour mutualiser leurs risques. À l’origine, ce modèle a émergé des usines, où les salariés se regroupaient et mettaient en commun de l’argent pour se protéger en cas de coup dur.

La particularité des mutuelles est qu’elles ne réalisent pas de bénéfices et ne versent pas de dividendes. Elles n’ont pas d’actionnaires à rémunérer; on peut considérer que leurs actionnaires sont leurs adhérents. Les mutuelles fonctionnent selon des valeurs de solidarité et de démocratie, puisque leur conseil d’administration est élu par les adhérents. Ce conseil d’administration décide de la stratégie et nomme le directeur général, tout comme dans une entreprise classique. Les revenus sont utilisés au service des adhérents, car il n’y a personne d’autre à rémunérer. L’objectif est d’apporter le meilleur service aux adhérents au meilleur prix. Cette mission est au cœur de notre action.

Je suis convaincu qu’une mutuelle, qui a à cœur les meilleurs intérêts de ses adhérents, est le bon partenaire pour les entreprises et les particuliers aujourd’hui. Bien sûr, nous nous devons d’être rentables pour assurer notre mission et protéger nos adhérents, mais nous devons le faire avec pédagogie et en accompagnant nos membres.

Dans les périodes de troubles, avoir un partenaire fiable qui sait s’inscrire dans le temps est précieux. Mutuelle Mip est une mutuelle très solide financièrement, indépendante et à taille humaine. Particulièrement tournés vers nos adhérents par notre nature démocratique, nous apportons ainsi une attention particulière à chacun de nos clients. Nous sommes donc convaincus de représenter une alternative solide et pertinente aux plus grands acteurs du marché.

Quelles sont vos perspectives et vos prochaines étapes ?

Quand nous avons relancé l’entreprise, nous avons mis en place un plan stratégique de quatre ans. Nous faisons aujourd’hui le bilan de ce premier cycle, pour lequel nous avons globalement atteint les objectifs que nous nous étions fixés : notre développement fonctionne bien, notamment par notre partenariat avec un petit nombre de courtiers avec qui nous travaillons et avons établi des relations solides.

Notre objectif est maintenant de définir un nouveau plan pour un cycle de trois ans. Notre but dans ce deuxième cycle est de continuer notre développement de manière plus rigoureuse, organisée et structurée, en mettant en place les outils et les méthodes nous permettant d’inscrire notre dynamique dans le temps.

Comme tout le monde, nous faisons face aux dérives du marché. Cela implique malheureusement de continuer à augmenter les cotisations de nos adhérents, car la consommation de santé augmente constamment. Nous devons gérer cette situation en bonne intelligence avec nos clients, ce qui n’est pas toujours simple.

Un autre sujet important est notre gestion, puisque nous sommes aussi gestionnaires. Nous assurons les interactions avec nos adhérents, que ce soit pour des demandes de remboursement, le paiement des cotisations ou l’ajout d’un enfant sur un contrat. Dans un certain nombre de cas, nous déléguons cette gestion, notamment lorsque cela passe via les courtiers, mais dans de nombreux autres, nous traitons directement avec nos clients, dans le cas de nos clients historiques par exemple, issus du secteur pétrolier. Cette relation directe nous est précieuse et nous souhaitons la développer et la renforcer.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Mutuelle Mip, leur site est accessible www.mutuelle-mip.fr ou vous pouvez les suivre sur https://fr.linkedin.com/company/mutuelle-mip

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Basée dans le Sud-Ouest, elle décrypte pour vous les actualités financières.