Les Entreprêteurs se positionne sur les enjeux stratégiques de demain

Mise à jour : 20 avril 2025 Temp de lecture : 5 min

FinMag rencontre aujourd’hui Marc-Antoine Vanheems co-fondateur – directeur général et Jean-Philippe Gontier co-fondateur – président de Les Entreprêteurs, la plateforme d’investissement en ligne généraliste qu’ils ont créée en avril 2016 et qui bénéficie de l’agrément PSFP et le passeport européen dans 7 pays.

 

Entre mise en conformité réglementaire, diversification des secteurs financés et développement sur de nouveaux territoires, Les Entreprêteurs affirme sa volonté de rester un acteur agile et innovant dans un marché en pleine évolution.

Les Entreprêteurs se positionne sur les enjeux stratégiques de demain

Vous avez dernièrement obtenu l’agrément PSFP : que cela a-t-il impliqué pour vous ?

Auparavant IFP-CIP, nous avons obtenu le PSFP en novembre 2023. Cet agrément nous permet de continuer à exercer notre activité comme auparavant, tout en nous conformant aux nouvelles normes européennes.

L’objectif de cet agrément était de pouvoir élargir notre champ d’action à l’ensemble des possibilités offertes par le cadre réglementaire européen. Nous avons donc désormais la capacité de financer également des entreprises européennes. Tous les acteurs du marché ont dû passer par ce processus d’agrément, mais certains ne l’ont pas obtenu. Notre année 2024 a été marquée par sa mise en œuvre concrète, qui a impliqué des exigences bien plus lourdes que celles auxquelles nous étions soumis auparavant, notamment en matière de contrôle interne, de contrôle externe et de procédures.

Quel impact a eu l’entrée en vigueur de cet agrément sur le marché ?

Le marché est en train de se structurer progressivement. Il devient très difficile pour les petits acteurs de suivre, notamment à cause du manque de ressources internes. Ce nouveau cadre demande en effet des moyens importants : davantage de RH, des fonds propres plus conséquents, et des frais de fonctionnement élevés pour pouvoir continuer à exercer.

Beaucoup d’acteurs qui ont obtenu l’agrément PSFP décident finalement d’arrêter, et d’autres ne l’ont tout simplement pas obtenu car leur structure est trop petite ou qu’ils ne génèrent pas assez de résultats. Il y a une cinquantaine d’acteurs agréés PSFP en France, et ce chiffre devrait continuer à diminuer.

Quel est votre positionnement face à l’évolution du marché ?

En 2023, on parlait énormément d’immobilier : environ 80 % du financement participatif portait sur la promotion immobilière ou les marchands de biens, selon les baromètres du secteur.

Depuis deux ans, le marché immobilier est en difficulté. Il a commencé à repartir en 2025, mais la période précédente a été compliquée, et beaucoup d’acteurs, y compris des poids lourds ou des plateformes historiques, mesurent la difficulté que représente l’exposition à un seul secteur d’activité.

L’enjeu crucial pour notre secteur a été de ne pas dépendre uniquement de l’immobilier. Il reste très peu de plateformes qui financent le “corporate”, c’est-à-dire les entreprises hors secteur immobilier. De notre côté, nous avons toujours voulu rester généralistes, c’est-à-dire ne pas nous limiter à l’immobilier, et continuer à financer d’autres secteurs. Les énergies renouvelables (ENR) s’en sortent très bien, et l’equity repart aussi, même si cela dépend souvent des dispositifs fiscaux en place. Quant au corporate, il est devenu un segment très peu couvert, et nous avons fait le choix stratégique de continuer à l’accompagner via des opérations sur-mesure qui ne sont pas compatibles avec une stratégie orientée uniquement sur le volume.

Dans cette logique, nous avons lancé des environnements thématiques dédiés à des secteurs porteurs. L’un des plus importants, lancé en 2024 et que nous allons développer en 2025, est SouvTech-Invest, une plateforme centrée sur les thématiques de souveraineté nationale et de défense. Ce sont des sujets d’actualité brûlants : on parle tous les jours du financement de la défense.

Sur le plan opérationnel, pour les projets corporate, nous nous inspirons des méthodes de structuration utilisées dans l’immobilier. Alors qu’au début du financement participatif, les TPE étaient financées sans garantie, nous avons aujourd’hui la possibilité de mettre en place des garanties solides sur les actifs, les stocks, les flux etc., pour reconstituer des garanties comparables à ce qu’on voit dans l’immobilier. Cela permet de rendre les projets corporate aussi attractifs et sécurisés que les projets immobiliers, ce qui répond à une demande forte des conseillers en gestion de patrimoine qui nous sollicitent. En tant qu’acteurs du financement, il nous revient d’être innovants, créatifs, et de proposer de nouvelles verticales pour accompagner cette évolution du marché.

Quels sont vos axes de développement ?

Nous avons actuellement une actualité forte autour des thématiques de souveraineté nationale et de défense, et nous serons présents au Salon du Bourget dans deux mois. À cette occasion, nous allons inviter les investisseurs ayant participé à nos projets liés à la souveraineté, à vivre une expérience immersive avec un simulateur Rafale. Le sujet suscite un réel engouement en ce moment, et occupe une part importante de notre actualité.

Par ailleurs, une autre annonce importante est prévue entre mi-avril et fin avril : le lancement d’un environnement dédié à Mayotte. Nous sommes déjà très présents dans les Outre-mer, où nous réalisons une part significative de notre activité. Nous sommes par exemple présents à La Réunion et nous avons ouvert en Polynésie française l’année dernière. Enfin nous avons commencé récemment à structurer des dossiers à Mayotte.

En raison des aléas climatiques qu’elle a subi, l’île de Mayotte a aujourd’hui un besoin urgent en logement social. Nous connaissons bien le territoire, disposons de partenaires locaux solides, et sommes bien implantés dans la région. L’objectif est de créer un environnement dédié qui permettra de financer à la fois des projets immobiliers et des entreprises locales, avec une participation directe des Réunionnais et des Mahorais.

Ce nouvel espace s’appellera Yatru Chikowa, qui signifie “tontine” en mahorais. La tontine est une tradition locale : chaque membre met une petite somme, comme 10€, dans un pot commun, et chaque mois, une personne bénéficie de la cagnotte pour financer un achat ou un projet. Ce nom symbolise parfaitement l’esprit communautaire et solidaire du financement participatif que nous souhaitons encourager à Mayotte.

Enfin, fidèles à notre ADN d’innovation, nous continuerons à explorer de nouveaux territoires et de nouvelles thématiques, tout en poursuivant nos activités historiques : financement de projets immobiliers (division foncière, marchands de biens, promotion), financement d’entreprises, et développement de verticales spécifiques (défense, santé).

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Les Entreprêteurs, leur site est accessible https://www.lesentrepreteurs.com/

 

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.