L’impact environnemental de la fast fashion en France
L’impact environnemental de la fast fashion en France
La fast fashion a transformé le marché mondial de l’habillement en introduisant un modèle où les tendances passent très rapidement de la conception à la vente au détail à bas prix.
Portée par des géants tels que Zara, H&M et Shein, cette industrie a rendu les dernières tendances accessibles à un large public. En France, où la mode fait partie intégrante de la culture, le modèle économique de la fast fashion remet en question les valeurs traditionnelles de qualité et de durabilité.
Malgré des avantages tels que la création d’emplois et un large choix pour les consommateurs, la fast fashion présente d’importants inconvénients dont une empreinte carbone très élevée et de nombreuses préoccupations éthiques. Le coût abordable des vêtements se fait au détriment de notre planète et de notre société.
Alors que les Français prennent de plus en plus conscience de ces enjeux, l’intérêt pour des alternatives durables se développe. Le marché de l’occasion et les pratiques respectueuses de l’environnement gagnent en popularité, offrant des solutions plus durables pour rester à la mode.
Cet article explore le paysage complexe de la fast fashion, en se concentrant sur son impact économique, les dilemmes éthiques qu’elle soulève, et l’évolution des comportements des consommateurs en France. Examinons ensemble comment cette industrie en évolution rapide s’adapte aux demandes pour une plus grande durabilité.
La fast fashion en bref
Dans le tourbillon du consumérisme moderne, les marques de fast fashion telles que Zara et H&M transforment les modèles de défilés en vêtements de prêt-à-porter à une vitesse vertigineuse. Mais à quel prix ?
Explorons les mécanismes qui se cachent derrière l’attrait de la fast fashion et son ascension rapide, passant d’un marché de niche à une force dominante dans le secteur de l’habillement à l’échelle mondiale.
Ce rythme de production est-il durable? Et que cela signifie-t-il pour l’avenir de la mode dans des pays comme la France, où les marques locales rivalisent de plus en plus avec les géants internationaux ?
La production de la fast fashion dépasse largement celle de la mode traditionnelle
Après la Révolution Industrielle, les maisons de couture traditionnelles ne lançaient généralement que deux à trois collections par an. Les années 90 et le début des années 2000 ont marqué un tournant avec l’essor de la fast fashion mené par des marques comme Zara et H&M. Ces marques ont considérablement augmenté le nombre de collections lancées chaque année, accéléré le processus entre la conception et la vente et rendu les tendances de la mode plus accessibles et abordables.
Aujourd’hui, le secteur de l’ultra-fast fashion, représenté par des entreprises comme Shein et ASOS, pousse cette tendance encore plus loin. Ces entreprises utilisent un modèle de vente directe au consommateur, ce qui signifie souvent que les clients reçoivent leurs achats dans la semaine qui suit leur commande. Cette approche répond aux besoins immédiats des consommateurs et augmente l’efficacité, la production ne se concentrant que sur les articles actuellement en demande, réduisant ainsi les déchets et les coûts.
En France, la scène de la fast fashion comprend des géants mondiaux tels que Zara et H&M, ainsi que des marques locales populaires telles que Kiabi et Camaïeu. Parallèlement, le mouvement de la mode durable est incarné par des marques françaises comme Sézane, Sandro et Maje, qui sont célébrées pour leur engagement en faveur de la qualité et d’une production éthique.
Ce que dépense les consommateurs dans la fast fashion
Les prix compétitifs de la fast fashion constituent un attrait majeur pour les consommateurs. Par exemple, une tenue composée d’un t-shirt noir, d’un blazer, d’un jean, d’une ceinture et de baskets blanches ne revient qu’à 24,75 € (27,02 USD) chez Shein, contre 79,95 € (87,28 USD) chez H&M et 115,75 € (126,36 USD) chez Zara. Shein maintient ses prix bas grâce à une opération exclusivement en ligne et à une logistique simplifiée, évitant ainsi de nombreux droits d’importation et d’exportation.
Le secteur de la fast fashion favorise une réponse rapide et rentable aux tendances de la mode. Les marques travaillent constamment à réduire leurs coûts et à offrir les prix les plus bas possibles pour attirer les consommateurs. Un t-shirt basique ne coûte par exemple que 3,40 € (3,71 USD) chez Shein, nettement moins cher que les 8,99 € (9,81 USD) proposés par Mango.
L’empreinte environnementale de la mode
La fast fashion contribue de manière significative à l’impact environnemental de l’industrie de la mode, représentant la moitié de ses émissions de carbone. En 2023, l’industrie était responsable de 968 millions de tonnes d’émissions de CO2, la fast fashion contribuant à elle seule à environ 484 millions de tonnes. Les projections suggèrent que ce chiffre pourrait atteindre 633 millions de tonnes par an d’ici 2030.
Pour rappel, les émissions totales de CO2 de toutes les activités sur le territoire français étaient de 385 millions de tonnes en 2023. Si l’on compare aux émissions mondiales de 37,4 milliards de tonnes de la même année, la contribution de la France s’élève à environ 1,03 %.
L’empreinte environnementale de la fast fashion ne se limite pas aux émissions de carbone. Les cycles de production rapides et les taux de renouvellement élevés exacerbent son impact mais les matériaux utilisés dans la fabrication de vêtements jouent également un rôle crucial. Chaque année, la production de fibres synthétiques consomme environ 342 millions de barils de pétrole. Le coton, couramment utilisé dans la fast fashion, nécessite des ressources importantes en terres et en eau, accentuant les préoccupations environnementales.
Quelles entreprises de fast fashion émettent le plus de CO2 ?
L’industrie de la fast fashion produit chaque année entre 80 et 100 milliards de nouveaux vêtements, entraînant une large utilisation des ressources et un important gaspillage. En France, 43 % des consommateurs achètent auprès de grandes marques de fast fashion.
Dans l’Union européenne, les achats de textile génèrent environ 270 kg d’émissions de CO2 par personne et par an, ce qui équivaut à 21 jours de conduite d’une voiture à essence. Les principaux revendeurs de fast fashion tels que le groupe Inditex et Shein ont notamment émis plus de 16 millions (en 2023) et 9 millions (en 2022) de tonnes métriques de CO2, respectivement.
La stratégie de la Commission européenne de 2022 pour des textiles durables vise à réduire cet impact en rendant les produits plus durables, réparables et recyclables. Cela inclut de nouvelles exigences en matière d’écoconception et un passeport numérique des produits pour encourager les entreprises à minimiser leur empreinte environnementale.
L’industrie de la mode en France
Comment la France, bastion de la haute couture, s’est-elle adaptée aux courants rapides de l’industrie mondiale de la mode ?
Cette section explore l’empreinte économique et culturelle significative du secteur de la mode en France, de sa contribution au PIB du pays aux évolutions nuancées vers l’ultra-fast fashion.
Quelles sont les implications de ces tendances pour les maisons de couture françaises traditionnelles, et comment les consommateurs équilibrent-ils leur attrait pour la consommation rapide avec une conscience de plus en plus sensible à la durabilité ?
L’envergure de l’industrie de la mode en France
L’industrie de la mode est un pilier de l’économie française, contribuant de manière significative au PIB du pays et à l’emploi. Elle ajoute à l’économie une valeur directe et indirecte combinée de 68,9 milliards d’euros (75,2 milliards USD), représentant 3,1 % du PIB national. Ce secteur soutient également 1 million d’emplois, avec 616 000 emplois directs et 384 000 emplois indirects.
La France est un acteur majeur du commerce mondial, étant le troisième importateur et le quatrième exportateur de vêtements au sein de l’UE. En 2020, la France a importé près de 10 milliards d’articles d’habillement et en a exporté près de 4 milliards, soulignant son rôle central sur le marché international de la mode. L’industrie affiche un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros (16,37 milliards USD), avec 58 % (8,7 milliards d’euros) provenant des marchés internationaux.
Le marché de l’ultra-fast fashion en France
L’ultra-fast fashion représente environ 3 % du marché de la mode en France, constituant une part petite mais significative. Les tendances récentes montrent cependant que ce secteur perd de son élan sur les principaux marchés européens, y compris en Allemagne, au Royaume-Uni et en France. En France, la pénétration du marché de l’ultra-fast fashion est notamment passée de 14 % à 12 % entre 2021 et 2022.
La part de marché des trois principaux acteurs en France — Shein, Zara et H&M — montre un paysage concurrentiel. Bien que Shein détient environ un tiers (33,8 %) de valeur du marché de l’ultra-fast fashion, Zara occupe la première place avec 36,4 %, suivi de H&M à 29,8 %. Il est à noter que Shein a connu une baisse de 4,5 points de pourcentage de sa part de marché en 2022, tandis que Zara et H&M ont enregistré des augmentations.
Les plus grandes marques de vêtements en ligne en France
Le marché de la mode en ligne en France est dominé par quelques acteurs principaux. En 2022, c’est Shein qui est en tête de liste avec un chiffre d’affaires net de 942 millions d’euros (1,02 milliard USD), suivi de près par Veepee avec 915 millions d’euros (998 millions USD) et Zalando avec 715 millions d’euros (780 millions USD). Ces chiffres soulignent la présence et l’influence significatives de ces marques dans le paysage de la mode en ligne en France.
Sézane, reconnue pour son esthétique française sophistiquée et ses pratiques durables, a eu un impact significatif sur le marché au cours de la dernière décennie. Cependant, malgré sa position dominante, notamment dans la région parisienne qui représente 42 % de sa part de marché en ligne, la marque a connu un taux de désabonnement de 51 % entre 2021 et 2022. Les anciens clients de Sézane ont redirigé une partie de leurs dépenses vers des plateformes comme Vinted, ainsi que vers des marques telles que Zara et H&M.
Ce qui compte le plus pour les consommateurs lors de l’achat de vêtements
Sur le marché français, la priorité des acheteurs de vêtements est avant tout le prix, avec 81 % des consommateurs le considérant comme un facteur essentiel dans leurs décisions d’achat.
Viennent ensuite la qualité et la coupe des vêtements, qui sont importantes pour 72 % et 66 % des acheteurs, respectivement. Les préoccupations environnementales arrivent en quatrième position, avec 30 % des consommateurs français qui prennent en compte des facteurs environnementaux tels que les conditions de fabrication et la durabilité lors du choix de leurs vêtements.
Si la fast fashion répond à la demande principale des consommateurs en termes de faibles prix, elle répond en revanche beaucoup moins bien à une préférence croissante pour la durabilité et le respect de l’environnement. La fast fashion fait également souvent des sacrifices sur la coupe et la qualité des vêtements pour maintenir ses faibles coûts.
Les marques perçues comme étant durables en France
En France, acheter des vêtements durables est important pour les consommateurs, avec 56 % d’entre eux affirmant que c’est un critère très ou assez vital.
Ce chiffre est en accord avec une tendance mondiale où plus de la moitié des consommateurs privilégient la durabilité. Cet accent est particulièrement marqué en France : 71 % des consommateurs estimant que les marques perçues comme durables ont une meilleure réputation.
Lors de l’examen de marques spécifiques, les perceptions de durabilité varient. En France, Adidas est considérée comme durable par 13 % des répondants, suivie par Patagonia à 11 % et H&M à 9 %.
Bien que le modèle de la fast fashion soit généralement moins aligné avec les pratiques durables en raison de la forte rotation des collections et de la consommation élevée des ressources, certaines marques comme H&M parviennent malgré tout à être perçues comme relativement durables grâce à leurs efforts de marketing.
En 2023, H&M a cependant fait l’objet d’une plainte alléguant que ses affirmations sur la durabilité étaient trompeuses et affirmant que l’entreprise exagérait l’efficacité de ses programmes de recyclage.
Combien de vêtements achetons-nous (France) ?
La fast fashion a considérablement modifié les habitudes de consommation. En France, les consommateurs achètent en moyenne 12,2 kg de textiles et de chaussures par an, contribuant aux 3,3 milliards de vêtements et de chaussures mis sur le marché français chaque année.
En 2022, les français ont acheté en moyenne 48 articles d’habillement, soit une augmentation de 33 % en moins de dix ans. Malgré l’augmentation des achats, 68 % des garde-robes restent inutilisées, soulignant l’inefficacité et le gaspillage provoqués par les habitudes de consommation actuelles.
La production mondiale de vêtements a doublé entre 2000 et 2014, tandis que la durée de vie de ces produits a diminué d’un tiers. Ce cycle rapide de production et de consommation exerce une forte pression sur les ressources naturelles et contribue de manière significative à la dégradation de l’environnement.
Le cycle de la fast fashion
Comment l’attrait pour des vêtements tendance et abordables impacte-t-il notre monde ?
Examinons de plus près le cycle de la fast fashion à l’échelle globale, depuis ses centres de production en Asie jusqu’aux garde-robes des consommateurs occidentaux, dont les français. Explorons ensemble les dures réalités des coûts de production, des conditions de travail et du coût environnemental lié au choix des tissus.
Quel est le véritable coût de la mode bon marché, et comment cela résonne-t-il dans les marchés du travail des pays à faible revenu comparativement aux politiques environnementales de la France ?
Où est fabriquée la fast fashion ?
Les marques de fast fashion installent généralement leur production dans des pays ayant une riche histoire dans la confection de vêtements et un accès à une main-d’œuvre bon marché, leur permettant ainsi de produire des vêtements rapidement et à moindre coût.
La Chine et le Bangladesh, leaders dans la fabrication de fast fashion, ont déclaré, respectivement, avoir totalisé 269,36 milliards d’euros (294 milliards USD) et de 43,47 milliards d’euros (47,45 milliards USD) d’exportation en 2023. Avec l’augmentation des coûts de production en Chine, l’industrie se tourne cependant de plus en plus vers le Vietnam, l’Inde et le Pakistan, qui proposent des coûts de main-d’œuvre faibles associés à des capacités de fabrication croissantes.
La production dans ces pays en développement où les coûts sont faibles est généralement associée à d’importants problèmes concernant la main-d’œuvre. Les employés endurent souvent des conditions de travail difficiles et perçoivent des salaires à peine suffisants pour subvenir à leurs besoins. A l’opposé, les coûts de fabrication en France sont nettement plus élevés, reflétant un engagement en faveur de meilleures conditions de travail et de pratiques durables.
Aatise, par exemple, un fabricant de vêtements français, répartit ses coûts de production pour une robe vendue à 179 € (195,41 USD) de la manière suivante : 20 € (21,83 USD) pour les matériaux, 45 € (49,12 USD) pour la fabrication et 124 € (135.36 USD) pour couvrir le reste des frais, du transport aux taxes. Cette structure de prix soutient des pratiques de travail équitables et contribue au bon fonctionnement des opérations commerciales.
Les conditions de travail derrière la fast fashion
Une grande partie des vêtements vendus en France (70 %) est fabriquée en Asie du Sud-Est où l’exploitation de la main-d’œuvre est courante. Au Bangladesh, les ouvrières ne gagnent que 0,30 € (0,33 USD) de l’heure, le taux le plus bas au monde. Ce salaire très faible contribue en grande partie au fait que le pays soit le deuxième plus grand exportateur de textile après la Chine.
Les conditions de travail sont souvent désastreuses. L’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 par exemple a fait plus de 1 000 morts, mettant en évidence les graves risques auxquels les travailleurs sont confrontés. Au Pakistan, les employées gagnent un peu plus, 0,50 € (0,55 USD) par heure, mais la situation reste précaire.
Au Bangladesh, malgré quelques améliorations sociales suite au drame du Rana Plaza, l’exploitation de la main-d’œuvre et les mauvaises conditions de travail persistent, en grande partie à cause des pressions de la mondialisation libérale qui privilégie les faibles coûts aux dépens des droits et de la sécurité des travailleurs.
Une solution serait d’adopter des traités internationaux contraignants afin de tenir les multinationales pour responsables en cas de violations des droits humains. Les Nations Unies et l’Union Européenne discutent d’un tel projet inspiré par la loi française de 2017 sur le devoir de vigilance qui oblige les entreprises à ne violer aucun droit humain au sein de leurs chaînes d’approvisionnement.
Combien gagnent les employés qui fabriquent nos vêtements ?
Les écarts de revenus dans l’industrie de la fast fashion sont frappants. Selon Oxfam, un travailleur asiatique ne reçoit que 0,18 € (0,20 USD) pour un T-shirt vendu à 29 € (31,66 USD) en Europe. Ce maigre montant ne représente que 0,6 % du prix de vente, mettant en lumière l’extrême déséquilibre dans la répartition des profits.
En 2021, Public Eye a mené une enquête sur les usines des fournisseurs de Shein en Chine et a découvert de graves abus du droit du travail. Le rapport a révélé que les travailleurs endurent des horaires exténuants, travaillant onze à douze heures par jour avec seulement un jour de congé par mois. Cela représente plus de 75 heures par semaine, ce qui dépasse de loin les limites légales et souligne les pratiques d’exploitation répandues dans l’industrie de la fast fashion.
Le coût environnemental des fibres utilisées dans la fast fashion
L’impact environnemental de la fast fashion est étroitement lié à l’utilisation de fibres synthétiques comme le polyester, le nylon et l’acrylique, qui représentent 1,35 % de la consommation mondiale de pétrole, soit plus que la consommation annuelle d’un pays de la taille et de la population de l’Espagne. Ces matériaux sont également une source majeure de pollution par les microplastiques, une seule lessive pouvant libérer jusqu’à 700 000 fibres dans les écosystèmes.
De nombreuses marques durables, comme Sézane, utilisent principalement des matériaux respectueux de l’environnement. Environ 75 % des matériaux utilisés dans les collections de Sézane répondent à des normes de durabilité strictes avec plus de 90 % du coton utilisé étant du coton biologique ou recyclé, et plus de 85 % de la viscose provenant de forêts gérées de manière durable.
Combien de vêtements gaspillons-nous ?
Aujourd’hui, les consommateurs achètent cinq fois plus de vêtements qu’ils ne le faisaient dans les années 80, mais ces vêtements ont une durée de vie deux fois plus courte. Cette tendance participe à un problème environnemental majeur : chaque seconde, l’équivalent d’un camion poubelle de vêtements est soit incinéré soit jeté dans des décharges.
La fast fashion joue un rôle important dans ce gaspillage, les vêtements étant souvent jetés après seulement quelques utilisations. En Europe, près de 4 millions de tonnes de textiles sont jetées chaque année. Les Européens se débarrassent en moyenne de 11 kg de textiles par personne et par an, dont 80 % qui finissent enterrés ou incinérés.
Si la tendance actuelle se poursuit, le monde pourrait jeter plus de 134 millions de tonnes métriques de textiles par an d’ici 2030. Face à cette situation préoccupante, l’Union Européenne a introduit en 2022 de nouvelles régulations “d’écoconception” afin de garantir que les articles soient plus durables, réutilisables, réparables, et efficaces en termes d’utilisation de l’énergie et des ressources.
Où vont les vêtements que nous jetons ?
En France, 700 000 tonnes de vêtements sont jetées chaque année. Sur ce total, seulement 1 % est recyclé, tandis que plus de 65 %, soit environ 455 000 tonnes, finissent dans des décharges.
Le recyclage des textiles en France est soutenu par environ 47 000 points de collecte répartis dans tout le pays, reflétant un important effort pour tenter de limiter le gaspillage. Cependant, la réalité n’est pas si rose : les articles recyclés sont souvent envoyés à l’étranger, affectant les industries locales et entraînant des crises de gestion des déchets dans d’autres régions.
En Afrique de l’Ouest par exemple, des marchés comme Kantamanto à Accra, au Ghana, reçoivent chaque semaine des millions de vêtements d’occasion. Malheureusement, 30 à 40 % de ces vêtements ne sont pas revendables et sont souvent éliminés de manière inappropriée, notamment en étant brûlés ou jetés dans l’océan.
Dans une démarche progressiste, la France a instauré en 2023 un “bonus de réparation” qui offre aux citoyens entre 6 et 25 € pour réparer leurs vêtements plutôt que de les jeter. Financée par un fonds de développement durable de 154 millions d’euros sur cinq ans, cette initiative vise à réduire les déchets de la fast fashion et à encourager des comportements de consommation plus durables.
Le business de la fast fashion
Le rythme effréné de la fast fashion peut-il se poursuivre sans avoir de répercussions éthiques et environnementales ?
Cette section examine la dynamique commerciale derrière l’ascension fulgurante de la fast fashion, en examinant la croissance économique, la rentabilité et les stratégies concurrentielles qui ont propulsé des marques comme Zara et Shein au rang de premières marques mondiales.
Quels sont les enjeux économiques pour les revendeurs français et internationaux dans cette industrie à grande vitesse et à gros volume ? Et alors que les pressions législatives s’intensifient, comment les modèles économiques des géants de la fast fashion vont-ils s’adapter à un paysage de plus en plus préoccupé par la durabilité ?
La croissance économique de la fast fashion
L’industrie de la fast fashion a connu une croissance remarquable à l’échelle mondiale, avec une valorisation d’environ 112,82 milliards d’euros (123,15 milliards USD) en 2023 et des projections atteignant près de 169,69 milliards d’euros (185,42 milliards USD) d’ici 2027. Cette augmentation est principalement alimentée par une demande venant de la jeune génération pour des vêtements abordables et tendances.
Cette croissance n’est cependant pas sans inconvénients. La production rapide et les taux de renouvellement élevés inhérents à la fast fashion exercent une pression considérable sur l’environnement, entraînant une augmentation des déchets et une consommation accrue des ressources naturelles.
En France, le marché global de l’habillement devrait générer des revenus totalisant 37,34 milliards d’euros (40,76 milliards USD) en 2024, les vêtements pour femmes représentant à eux seuls 20,69 milliards d’euros (22,58 milliards USD). Bien que des données spécifiques sur la taille du segment de la fast fashion en France ne soient pas disponibles, ces chiffres suggèrent une présence significative sur le marché.
Revenus et profits des géants de l’industrie
En 2023, le géant de la fast fashion Inditex, maison mère de Zara, a enregistré un chiffre d’affaires proche de 33 milliards d’euros (36 milliards USD), conservant sa position de leader dans l’industrie et dépassant les revenus combinés d’autres grands acteurs comme ASOS, Forever 21, Mango et Boohoo.
De son côté, Shein, avec son modèle de vente en ligne, aurait généré plus de 27,5 milliards d’euros (30 milliards USD), mettant en évidence une transition vers les plateformes numériques pour capter l’intérêt des consommateurs et dominer le marché. En troisième position, H&M a enregistré un chiffre d’affaires de 20,3 milliards d’euros (22,16 milliards USD).
Kiabi, l’un des plus grands revendeurs de fast fashion en France, a connu en 2023 une croissance modeste de 1 %, générant 2,2 milliards d’euros (2,4 milliards USD). Entre-temps, une autre chaîne française majeure, Camaïeu, a fait faillite fin 2022, tous ses actifs ayant été liquidés pour faire face à une dette de 240 millions d’euros (261 millions USD).
Proposition de taxe sur la fast fashion en France
La France prend des mesures audacieuses pour lutter contre l’impact environnemental de la fast fashion. Une nouvelle proposition suggère d’instaurer une surtaxe pouvant aller jusqu’à 5 € (5,46 USD) sur chaque article de vêtement bon marché et de mauvaise qualité vendu par les revendeurs de fast fashion. Cette taxe pourrait atteindre 10 € (10,92 USD) ou 50 % du prix de vente de l’article d’ici 2030. Cette initiative, portée par le député Antoine Vermorel-Marques, fait partie d’un plan visant à mettre en place un système de bonus-malus qui pénalise financièrement les entreprises nuisibles à l’environnement.
Le gouvernement soutient un projet de loi connexe proposé par Anne-Cécile Violland, visant à réduire l’écart de prix entre la fast fashion et les marques plus durables. Cette législation, approuvée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, cible des acteurs majeurs comme Shein et Temu, les obligeant à divulguer l’impact environnemental de leurs produits et à promouvoir le recyclage sur leurs sites web.
Le non-respect de cette loi pourrait entraîner de lourdes amendes. A partir de 2025, la publicité pour la fast fashion sera également interdite, avec des sanctions pouvant atteindre 100 000 € en cas d’infraction. Ce projet de loi est en attente d’approbation par le Sénat.
Les ambitions d’introduction en bourse de Shein
Shein envisage une valorisation de 8,26 milliards d’euros (9 milliards USD) pour une éventuelle introduction en bourse (IPO) aux États-Unis. Cela marquerait une entrée remarquable à la Bourse de New York en tant que cinquième plus grande IPO dans le secteur des produits de consommation.
L’entreprise fait cependant face à des obstacles dues aux inquiétudes concernant les conditions de travail dans sa chaîne d’approvisionnement. Des législateurs américains ont notamment demandé de suspendre l’IPO de Shein jusqu’à ce que la société puisse prouver que ses opérations sont exemptes de travail forcé, ce qui a incité Shein à explorer d’autres lieux pour son IPO, comme Londres, Hong Kong ou Singapour.
Dans le paysage concurrentiel de la fast fashion, Shein occupe une position de premier plan, en particulier dans le segment de l’ultra fast fashion. En 2022, Shein détenait 33,8 % de la valeur de marché de l’ultra fast fashion en France. Sa part de marché en France a cependant connu une baisse par rapport à l’année précédente, contrastant avec la croissance observée sur d’autres marchés européens.
Marges bénéficiaires dans la fast fashion
Les marques de fast fashion bénéficient de marges bénéficiaires pouvant aller jusqu’à 16 %, ce qui est nettement supérieur, souvent de plus de 9 %, à celles des revendeurs spécialisés traditionnels. Leur modèle économique repose sur des stratégies où les vêtements sont vendus 4 à 5 fois le prix de leur coût de production, largement supérieur à la marge standard du secteur, qui est de 2,2 à 2,5 fois le prix du coût de production.
Cet avantage provient de leur capacité à faire passer rapidement les créations du croquis à la vente, un processus qui contraste fortement avec les pratiques des marques de mode traditionnelles qui maintiennent souvent des marges plus faibles et se concentrent sur une production plus éthique et durable.
Une nouvelle législation française ciblant des entreprises comme Shein pourrait cependant transformer de manière significative l’industrie de la fast fashion. Cette loi visant la fast fashion impose des pénalités croissantes, pouvant atteindre 10 € (10,92 USD) par vêtement d’ici 2030, afin de réduire l’impact environnemental.
L’inflation dans la fast fashion
En réponse à la hausse des prix des matériaux, de l’énergie et du transport, les principaux revendeurs de fast fashion du marché européen tels que Zara, Uniqlo et Mango, ont ajusté leurs stratégies de prix.
Zara a notamment augmenté ses prix de 11 % en 2022, portant le prix moyen de ses articles à environ 40 €. Cet ajustement vise non seulement à compenser l’augmentation des coûts, mais aussi à améliorer la perception de la marque grâce à des collections en édition limitée et à l’utilisation de matériaux de meilleure qualité.
Uniqlo et Mango, bien que plus conservateurs, ont tout de même augmenté leurs prix de 5 %. Ces changements marquent un tournant critique pour la fast fashion, les marques cherchant à équilibrer l’accessibilité avec la hausse des coûts opérationnels.
Le coût des retours
Dans l’univers du commerce électronique de la mode, et particulièrement dans le secteur de la fast fashion, le retour des produits a des conséquences à la fois financières et environnementales. Chaque article retourné entraîne des coûts importants, du transport vers les entrepôts à la gestion du service client, allant de 17,66 € (19,28 USD) à 45,41 € (49,57 USD).
Les lois françaises de protection des consommateurs compliquent encore davantage le processus, en autorisant les retours sous 7 jours pour n’importe quelle raison, y compris pour un changement d’avis. Les revendeurs sont tenus par le Code de la Consommation, le Droit de Rétractation, de traiter ces remboursements sous 30 jours, beaucoup prolongeant souvent les périodes d’échange.
La logistique de retours de marchandises est inefficace et entraîne un impact environnemental considérable. Chaque année, les retours génèrent 2,2 milliards de kilos de déchets, dont une grande partie finit dans des décharges après des envois répétés et inutiles. Les retours augmentent l’empreinte carbone et entraînent des contraintes financières importantes pour les revendeurs qui doivent souvent se débarrasser de vêtements en parfait état ou les revendre à bas prix en raison de l’inefficacité du traitement des articles retournés.
Vers une industrie de la fast fashion plus verte
Alors que l’industrie de la fast fashion traverse une période de prise de conscience environnementale accrue, ses efforts pour devenir plus verte sont-ils réels?
Derrière les revendications pour la durabilité, intéressons-nous à la réalité qui se cache derrière l’image écologique présentée par les grandes marques. Heureusement, les actions législatives audacieuses de la France et l’élan mondial en faveur des énergies renouvelables et des solutions de mode circulaire transforment l’industrie.
Ces solutions seront-elles suffisantes pour concilier le modèle de production rapide de la mode, ou la promesse d’une fast fashion « verte » n’est-elle qu’une illusion à la mode ?
Écoblanchiment (greenwashing) et la vérité derrière les promesses de recyclage
La durabilité est de plus en plus mise en avant dans l’industrie de la mode mais 39 % de ces affirmations sont potentiellement trompeuses créant un réel problème de crédibilité. Les marques pratiquent souvent l’écoblanchiment (greenwashing) en faisant des promesses ambitieuses sur l’utilisation de matériaux recyclés et la mise en place de programmes de recyclage. Il est cependant difficile de tenir ces engagements face à l’augmentation des volumes de production ce qui suscite de nombreuses critiques.
En réponse à ce problème, la Commission Européenne travaille à imposer des réglementations plus strictes sur la durabilité des produits et à interdire les affirmations environnementales vagues.
La France a adopté la loi anti-gaspillage AGEC pour faire passer l’industrie de la mode d’une économie linéaire à une économie circulaire. En vigueur depuis août 2021, cette législation met l’accent sur le principe du “pollueur-payeur” et améliore l’information des consommateurs sur la traçabilité des produits, les risques liés aux matériaux synthétiques et la présence de contenu recyclé.
A partir de janvier 2025, la France interdira également la publicité qui promeut la fast fashion, afin de limiter l’influence des messages marketing trompeurs en matière de durabilité.
Le passage à l’énergie renouvelable dans la fast fashion
Les grandes entreprises de fast fashion intègrent de plus en plus l’énergie renouvelable dans leurs opérations. Inditex a atteint 100 % d’utilisation d’électricité renouvelable en 2023 et prévoit de maintenir ce niveau jusqu’en 2030. H&M, pas loin derrière, a déclaré utiliser 94 % d’énergie renouvelable la même année, avec pour objectif d’atteindre 100 % d’ici 2030.
De son côté, Uniqlo a déclaré que 42,4 % de sa consommation d’électricité provenait de sources renouvelables pour l’année fiscale 2022, se fixant l’objectif ambitieux de passer entièrement aux énergies renouvelables d’ici 2030.
Les données sur l’utilisation d’énergie renouvelable par Shein ne sont actuellement pas disponibles, indiquant un manque de transparence dans les rapports de certaines entreprises de fast fashion. De même, les chiffres spécifiques concernant l’utilisation actuelle d’énergie renouvelable par Kiabi ne sont pas divulgués, mais l’entreprise s’est fixée pour objectif d’alimenter 50 % de ses opérations par le biais de l’énergie renouvelable d’ici 2025.
L’Europe en tête des initiatives de mode circulaire
L’industrie de la mode circulaire présente un potentiel économique considérable. La Fondation Ellen MacArthur estime que l’adoption d’un modèle circulaire pourrait générer environ 514 milliards d’euros (560 milliards USD) d’opportunités économiques.
Dans ce contexte, l’Europe mène la danse avec la France et ses nouvelles législations, comme la loi de 2021 sur la prévention des déchets textiles par exemple, et l’initiative de la Commission Européenne de 2022 qui vise à imposer une teneur en fibres recyclées dans les textiles. Les États-Unis suivent de près avec le Fashion Sustainability and Social Accountability Act, qui met l’accent sur une plus grande transparence et une plus grande responsabilité pour les grandes entreprises de vêtements.
Le marché de la mode circulaire est actuellement évalué à environ 5,7 milliards d’euros (6,2 milliards USD) en France et devrait atteindre 14 milliards d’euros (15,2 milliards USD) d’ici 2030. Cette croissance est alimentée par un commerce en ligne dynamique et un marché de la seconde main en plein essor, avec une croissance annuelle de 13 %. Grâce au développement des initiatives de recyclage et des services de réparation, ce secteur pourrait représenter près de 29 % du marché français de la mode et du luxe d’ici la fin de la décennie.
La gestion des déchets vestimentaires en France
Depuis 2008, la France a mis en place un système de Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) pour les vêtements et les chaussures usagés, obligeant les fabricants à payer des redevances annuelles pour la collecte et le tri des déchets textiles. Ce système vise à améliorer la gestion des déchets et à promouvoir les efforts de recyclage au sein de l’industrie de la mode.
La complexité de ce dispositif se manifeste par son vaste réseau : 47 406 points de dépôt volontaires pour les vêtements usagés supervisés par 583 collectivités locales et 67 entreprises de tri qui utilisent diverses technologies pour le traitement de ces déchets. En 2022, 6 087 entreprises de fabrication y ont participé, 4 354 d’entre elles avaient mis moins de 5 000 articles sur le marché.
La Stratégie de l’UE pour des Textiles Durables et Circulaires vise à aborder à la fois la production et la consommation de textiles tout en reconnaissant l’importance du secteur. La vision de la stratégie pour 2030 comprend la garantie que tous les produits textiles de l’UE soient durables, réparables et recyclables. Son objectif est d’éliminer progressivement la fast fashion, en rendant les textiles de haute qualité plus durables et accessibles.
Objectifs de durabilité des plus grandes marques de fast fashion
Alors que l’examen de ses impacts environnementaux s’intensifie, l’industrie de la fast fashion se fixe des objectifs de durabilité plus ambitieux. De grandes marques telles qu’Inditex, H&M et Shein sont à l’avant-garde de l’adoption de pratiques durables.
Leurs initiatives comprennent l’utilisation de matériaux recyclés ou issus de sources durables pour tous les produits, la réduction de leurs émissions nettes à zéro et l’amélioration de la recyclabilité de leurs vêtements. Ces efforts répondent à la demande croissante des consommateurs pour des produits éthiques et respectueux de l’environnement.
Le revendeur français Kiabi fait progresser sa “Vision 2030” : 72 % des produits de Kiabi sont déjà conçus à partir de fibres durables avec pour objectif d’atteindre 100 % d’ici 2025. De plus, dès 2023, 199 des 226 magasins Kiabi en France avaient déjà atteint leur objectif de réduire leur consommation d’énergie de 40 % par rapport aux niveaux de 2014, en accord avec leurs objectifs pour 2030.
Les alternatives à la fast fashion
Alors que le monde repense ses habitudes de consommation et leur durabilité, qu’en est-il de l’univers effréné de la mode ? Cette section explore les alternatives à la fast fashion qui gagnent du terrain en France et dans le monde.
Avec l’essor des marchés de seconde main, la résurgence de la mode éco-responsable et la demande croissante des consommateurs pour des pratiques durables, demandons-nous : ces tendances émergentes peuvent-elles réellement compenser les coûts environnementaux et éthiques liés à la production textile rapide ?
L’Essor de la mode de seconde main
Les millennials et la génération Z sont de plus en plus attirés par les achats d’occasion, motivés par le côté abordable et les avantages environnementaux. Les plateformes en ligne comme Vinted, Leboncoin et Vestiaire Collective jouent un rôle important dans cette tendance. En fait, la France est le plus grand marché de Vinted, représentant 29 % de sa base des clients. À l’échelle mondiale, ces plateformes devraient croître trois fois plus vite que le marché général de l’habillement d’ici 2026.
Ces habitudes d’achat, qui permettent de réduire les émissions de CO2 d’environ 44 % par rapport à l’achat de vêtements neufs, contribuent à une expansion significative du marché. Le marché mondial des vêtements d’occasion, évalué à 162,39 milliards d’euros (177 milliards USD) en 2022, devrait atteindre 322,02 milliards d’euros (354 milliards USD) d’ici 2027.
Le marché de la seconde main en France
Le marché de l’occasion présente des avantages environnementaux. L’achat d’un vêtement d’occasion plutôt qu’un vêtement neuf peut réduire l’empreinte carbone jusqu’à 82 %.
En 2022, 64 % des consommateurs français ont déclaré avoir acheté au moins un produit de seconde main, et 52 % de ceux qui n’ont pas encore adopté ce mode de consommation envisagent de le faire.
Ce changement offre aux entreprises de l’industrie de la mode l’opportunité de s’adapter et de prospérer. Des start-ups comme Faume par exemple profitent de cette tendance en proposant aux marques de les aider à développer leur infrastructure de vente et d’achat de produits d’occasion.
À l’échelle mondiale, le marché de l’occasion a généré 105 milliards d’euros (114 milliards USD) de ventes en 2021. Les vêtements d’occasion à eux seuls représentaient 33 milliards d’euros (36 milliards USD), avec des prévisions de croissance atteignant 70 milliards d’euros (77 milliards USD) d’ici 2025, soit un taux de croissance 11 fois plus rapide que celui du marché global de ventes de vêtements.
Combien de vêtements donnons-nous en France ?
Les Français participent activement à diverses initiatives pour donner une seconde vie aux vêtements qu’ils ne portent plus. Les principales méthodes incluent les dons à des associations (62 %), les dons à des proches (35 %), et la revente sur internet (22 %). Malgré ces efforts, un Français sur dix jette encore ses vêtements non désirés à la poubelle.
L’approche pour se débarrasser des vêtements non portés diffère considérablement entre les sexes. Près d’une femme sur trois (32 %) revend ses vêtements en ligne, contre seulement un homme sur dix (11 %) indiquant un plus grand penchant des femmes à participer au marché de la seconde main.
L’impact global de ces efforts reste toutefois limité. Seulement 10 % à 12 % des vêtements en France sont revendus d’occasion, tandis que 80 % finissent dans des décharges ou sont incinérés.
Les consommateurs français estiment-ils que les vêtements durables sont importants ?
Les Français sont de plus en plus conscients de l’importance de l’habillement durable, 56 % d’entre eux le considérant comme étant un facteur clé dans leurs décisions d’achat. La transition vers une consommation de vêtements plus durable n’en est encore toutefois qu’à ses débuts.
Actuellement, seuls 28 % des consommateurs français ont réduit leurs achats de vêtements pour des raisons écologiques ou éthiques. En revanche, 37 % n’ont pas suivi cette initiative et ne prévoient pas de le faire, tandis que 22 % envisagent de changer leurs habitudes. Les 13 % restants ne sont pas sûrs de leur position sur la question.
Malgré l’intérêt croissant pour la durabilité, le mouvement de la slow fashion, qui met l’accent sur la réduction des achats de vêtements et la recherche d’une meilleure qualité, reste relativement méconnu, 67 % des Français ne connaissant pas ce concept. La sensibilisation à cette tendance varie considérablement en fonction des groupes démographiques ; par exemple, 76 % des retraités et 75 % des habitants des zones rurales n’ont jamais entendu parler de la slow fashion.
L’essor de la mode éco-responsable en France
En France, la sensibilisation et les dépenses consacrées à la mode éco-responsable sont en hausse, avec 64,3 % des consommateurs qui reconnaissent l’industrie de la mode comme étant soucieuse de l’environnement — parfois même plus que d’autres secteurs. L’engagement financier envers la mode durable a également augmenté, les dépenses des consommateurs étant passées de 136,5 € (149,01 USD) en 2019 à 148,6 € (162,22 USD) en 2022.
En Europe et aux États-Unis, près de la moitié des consommateurs choisissent des vêtements durables, ce qui indique un abandon de la fast fashion au profit de pratiques de consommation plus éthiques.
Les consommateurs français font avancer la mode éco-responsable
Plus de la moitié des consommateurs français privilégient désormais les options écoresponsables de leurs achats de vêtements et de chaussures, en mettant l’accent sur l’importance des matériaux durables, que 44 % des acheteurs jugent essentiels. Les services de réparation sont également très appréciés, démontrant une évolution vers des choix de mode durables et faciles à entretenir.
La demande de pratiques éthiques va au-delà des matières premières et inclut une demande pour des conditions de travail équitables au sein des chaînes d’approvisionnement, 32 % des consommateurs soulignant cet aspect comme étant une priorité. Cette prise de conscience éthique s’inscrit dans une tendance plus large où les consommateurs français, en particulier les millennials, prennent de plus en plus en compte l’impact environnemental de leurs achats, des méthodes de production aux options de livraison.
Les stratégies pour réduire l’impact environnemental de la mode Rapide
La fast fashion a des effets néfastes sur l’environnement et les décisions que prennent les consommateurs jouent un rôle essentiel sur l’avenir de cette industrie. Avec 50 % des acheteurs qui reconnaissent l’impact négatif de la fast fashion, une réelle opportunité pour d’importants changements se présente. Voici plusieurs stratégies pour aider à réduire l’empreinte environnementale de votre garde-robe :
1. Adoptez la mode circulaire
- Achetez d’occasion : optez pour la mode circulaire en choisissant des vêtements d’occasion, vous prolongez ainsi la durée de vie des articles et réduisez le besoin de nouvelle production. Opter pour des articles d’occasion peut réduire les émissions de carbone de 25 % en moyenne, permettant d’économiser des ressources importantes :
- Économies de CO2 : 3,81 kg par vêtement
- Économies d’énergie : 16,48 kWh par vêtement
- Économies d’eau : 336,5 litres par vêtement
2. Achetez des Produits Durables et provenant de la slow fashion
- Choisissez des Produits Durables : près de 24 % des entreprises vont s’efforcer de produire au moins la moitié de leurs produits à partir de matériaux recyclés d’ici 2025. Soutenir ces initiatives s’alignent avec les valeurs de 65 % des consommateurs de la génération Z et des Millennials qui optent pour des achats durables.
3. Améliorez la durabilité
- Investissez dans la qualité : Privilégiez l’achat de vêtements durables et utilisez des services de réparation pour maximiser la longévité de vos articles. Prolonger la durée de vie d’un vêtement de seulement un an réduit son impact environnemental de 24 %.
- Soutenez les initiatives de réparation : Des entreprises comme Patagonia, qui réparent 50 000 articles par an, prouvent que l’entretien peut considérablement réduire le potentiel gaspillage.
4. Optimisez l’utilisation de vos vêtements
- Défi #30Wears : Saviez-vous que la plupart des gens ne portent qu’environ 10 % de leur garde-robe fréquemment ? En vous engageant à porter chaque pièce au moins 30 fois, vous pouvez réduire considérablement les émissions de CO2 et le gaspillage.
- Doublez l’impact de la durée de vie : En doublant la durée de vie typique de vos vêtements, vous pouvez réduire les émissions de gaz à effet de serre associées de 44 % par rapport aux coûts environnementaux de la production de nouveaux articles.
5. Entretenez vos vêtements de manière responsable
- Techniques d’entretien : De simples changements comme le lavage à des températures inférieures à 30 degrés et l’utilisation de détergents de haute qualité peuvent prolonger considérablement la durée de vie des vêtements et réduire la pollution par les microfibres.
6. Débarrassez-vous de façon durable
- Réutilisez et Recyclez : Transformez les vêtements usés en chiffons de nettoyage, matériaux pour des projets d’artisanat, ou en rembourrage pour des oreillers et des lits pour animaux.
- Compostez les fibres naturelles : Les articles fabriqués à 100 % de fibres naturelles telles que le coton, la laine, la soie et le lin peuvent être compostés pour enrichir le sol.
- Faites des dons réfléchis : Donnez les vêtements irréparables aux refuges pour animaux, aux écoles ou aux centres communautaires pour qu’ils soient réutilisés, prolongeant ainsi leur utilité tout en soutenant les besoins de la communauté.
Conclusion
Les contradictions au sein de l’industrie de la fast fashion sont devenues évidentes. Malgré des avantages économiques et une grande accessibilité, elle entraîne des défis environnementaux et éthiques importants. En France, où la mode est profondément ancrée dans l’identité nationale, l’impact de ces enjeux est particulièrement important.
Les faits révèlent une réalité frappante : la production et le taux de renouvellement élevés de la fast fashion contribuent de manière significative aux émissions mondiales de carbone et compromettent souvent les normes de travail. Il existe pourtant une prise de conscience croissante au sein de l’industrie et parmi les consommateurs de la nécessité d’un changement.
L’apparition de pratiques plus durables avec notamment la montée des marchés de seconde main et de la mode éco-responsable suggère une évolution prometteuse. Ces alternatives atténuent les effets néfastes de la fast fashion et s’alignent sur un mouvement global vers une consommation plus consciente.
En tant que consommateurs, le pouvoir de façonner l’avenir de la mode nous appartient. Chaque décision d’achat peut réduire l’impact environnemental de l’industrie de la fast fashion et l’amélioration de ses normes éthiques. Adopter ces petits changements peut conduire à des transformations significatives, redéfinissant potentiellement le paysage de l’industrie de la mode en France et au-delà.