France FinTech 2024 : un acteur clé pour la croissance et l’innovation de la fintech française

Mise à jour : 19 décembre 2024 Temp de lecture : 9 min

FinMag rencontre aujourd’hui Alain Clot, Président de France FinTech, cette association d’entrepreneurs dédiée à promouvoir, structurer et soutenir l’écosystème fintech français.

Depuis sa création en 2015, elle s’est imposée comme un moteur de croissance pour les startups du secteur, en favorisant les collaborations à l’échelle nationale et internationale. Découvrez ses missions, ses initiatives stratégiques, et les défis qu’elle s’engage à relever pour positionner la France comme un leader européen de l’innovation financière.

France FinTech 2024 : un acteur clé pour la croissance et l’innovation de la fintech française

Pouvez-vous nous présenter France FinTech ?

France FinTech est une association à but non lucratif, dont je suis le président co-fondateur bénévole. Créée en 2015, elle est née de l’initiative de fondateurs de fintech et se distingue par son caractère entrepreneurial : elle est conçue, dirigée et animée par les entrepreneurs.

Contrairement à d’autres associations souvent fondées par des investisseurs ou des entités publiques, France FinTech place les entrepreneurs au cœur de son fonctionnement et de ses actions.

Quelles sont vos missions ?

France FinTech s’est fixé trois grandes missions à sa création :

  • Faire connaître la fintech française, en France et à l’étranger

Cette mission repose sur un important travail d’information et de pédagogie.

Nous prenons la parole quasi hebdomadairement : interviews, conférences, interventions médiatiques, posts sur les réseaux sociaux, publications, newsletter,, etc.

L’objectif est de mieux expliquer ce qu’est la fintech, un secteur encore mal connu, en France en particulier, où les métiers de la finance nécessitent souvent des efforts supplémentaires pour être compris et valorisés.

  • Représenter les entrepreneurs de la fintech française

Les services financiers sont hautement régulés, ce qui implique un dialogue constant avec les régulateurs, les services publics, les ministères (Trésor et cabinets notamment) et les parlementaires. Nous représentons l’écosystème lors de consultations, études, et forums sur la régulation, comme le Forum Fintech de la Régulation organisé par l’ACPR et l’AMF, la Commission européenne.

Nous dialoguons avec le monde financier traditionnel (banques, assureurs, fonds d’investissement, sociétés de gestion, etc.) et servons souvent de pivot entre les associations plus spécialisées, comme celles dédiées aux paiements ou aux actifs numériques. Certaines nous rejoignent, nous avons deux communautés sectorielles : l’assurtech et le financement participatif.

En tant que cofondateurs de l’EDFA (European Digital Finance Association), nous participons activement aux réflexions européennes sur la fintech.

Enfin nous collaborons avec le monde académique: universités, écoles d’ingénieurs, grandes écoles, tout comme avec les incubateurs.

  • Animer l’écosystème fintech

Notre but est de favoriser l’émergence de champions français et européens, contribuant à la souveraineté de notre pays.

Cela se traduit par l’organisation d’événements de toutes sortes, y compris Fintech R:Evolution, l’événement annuel de référence de la finance innovante en France… nous proposons également des événements plus ciblés, comme des déjeuners thématiques ou des meetups.

L’animation de l’écosystème passe également par la production de contenu : cartographies, livres blancs, notes de position, données statistiques  baromètre des levées de fonds,, études sur des sujets spécifiques.

Enfin, la facilitation des échanges entre toutes les composantes de l’écosystème, l’accompagnement des entrepreneurs, l’animation de communautés par métier (marketing technologie, etc.).

Quelles sont les valeurs défendues par France FinTech ?

Nous cherchons à contribuer à la création d’emplois qualifiés, un engagement déjà largement concrétisé avec plus de 50 000 emplois générés. Nous visons également à financer l’économie réelle, à renforcer la souveraineté financière de la France et à développer l’attractivité de notre place financière.

Le développement durable est l’un de nos objectifs centraux. De nombreuses fintech françaises intègrent ce thème au cœur de leur activité et nous soutenons activement leurs initiatives. Nous nous engageons enfin en faveur de la mixité, un enjeu particulièrement critique dans le secteur du numérique, où les disparités sont frappantes : environ 90 % des fondateurs sont des hommes, contre seulement 10 % de fondatrices. Nous travaillons à mesurer ce phénomène, tout en stimulant et en encourageant l’entrepreneuriat féminin.

Nous soutenons les filières de formation et les initiatives dédiées à l’inclusion financière, l’éducation financière et le don.

Enfin, nous sommes attachés à un haut niveau d’exigence éthique et déontologique, le strict respect de la réglementation, le respect du consommateur et la sécurité des opérations.

Qui sont les membres et partenaires de France FinTech ?

L’association regroupe aujourd’hui près de 350 membres  fintech opérant en France, qu’elles soient françaises ou non. Ce qui compte pour nous, c’est qu’elles exercent effectivement leurs activités en France et qu’elles y recrutent et contribuent à notre économie . Nous encourageons également l’implantation d’acteurs internationaux sur le territoire.

À ces membres s’ajoutent une centaine de partenaires. Il s’agit de grandes entreprises ou organisations souhaitant s’associer à notre écosystème. Cela inclut des banques, des assureurs, des sociétés de gestion, des fonds d’investissement, des cabinets de conseil, des entreprises de technologie, des cabinets d’avocats, et bien d’autres. Nous collaborons également avec des établissements publics qui ont choisi de nous soutenir, comme la Banque Publique d’Investissement (avec laquelle nous publions chaque mois des statistiques sur de levées de fonds), la Banque de France, la Région Île-de-France, ainsi que de nombreuses associations partenaires.

Par ailleurs, nous avons développé de solides partenariats académiques avec des universités et grandes écoles, couvrant des thématiques liées à la finance, la fintech, la technologie et la donnée.

Ce vaste réseau nous permet de structurer un écosystème puissant, complet et cohérent, visant à agir, représenter et exercer une influence significative au service de nos startups.

Comment France FinTech soutient-elle les startups et les entreprises fintech dans leur développement face à la concurrence internationale  ?

Nous travaillons à rendre la France et l’Europe des terrains compétitifs pour la fintech. Cela passe par des propositions concrètes sur des sujets clés : la réglementation, le financement, et les dispositifs d’aide à l’innovation, qui jouent un rôle majeur en France. L’objectif est de créer un environnement attractif pour les acteurs du secteur.

Nous favorisons également les partenariats, avec plus de 1 500 collaborations établies entre nos fintechs et les grands établissements traditionnels. La France bénéficie d’un tissu dense et diversifié d’entreprises financières, ce qui renforce ces synergies.

Par ailleurs, nous contribuons activement à la promotion et à la communication pour attirer les investisseurs internationaux. Ces efforts portent leurs fruits : environ 20 % des investisseurs de nos fintechs sont américains, et leurs investissements se distinguent par des montants unitaires de plus en plus élevés.

Nous participons aux réflexions sur la construction d’un grand marché européen de la finance, incluant l’idée d’un “Nasdaq européen”. Nous restons vigilants face aux risques de concurrence déloyale, en particulier de la part d’acteurs étrangers qui pourraient intervenir sur nos marchés sans respecter les règles réglementaires en vigueur.

Quels sont selon vous nos atouts dans la bataille internationale de la fintech ?

Un des atouts majeurs de l’Europe réside dans le passeport réglementaire. La finance étant un secteur hautement régulé, obtenir un agrément est un processus complexe, coûteux et exigeant. Ce passeport permet à une fintech agréée dans un pays de l’Union européenne d’exercer ses activités dans les autres pays membres sans devoir repasser par les formalités réglementaires. Grâce à ce système, nos fintechs ont accès au plus grand marché du monde, regroupant plus de 450 millions de consommateurs à haut pouvoir d’achat et d’investissement — un marché bien plus vaste que les États-Unis ou la Chine.

En plus de cet avantage réglementaire, la France dispose d’un atout clé : ses compétences. Nos formations en finance et en technologies de la donnée sont de classe mondiale. Les Français excellent en intelligence artificielle, en blockchain, et dans les disciplines connexes. Il n’est pas rare de retrouver des experts français à la tête des  laboratoires d’IA des Big Tech mondiales, et Paris accueille souvent les seconds plus grands centres de recherche de ces entreprises, en dehors des États-Unis.

Bien sûr nous sommes (comme toutes les entreprises de la planète) encore petits face aux “Big Tech” qui investissent fortement dans la finance et même aux géants du numérique financier, mais nous sommes en forte croissance, disposons d’un accès privilégié au plus grand marché mondial et avons des ambitions européennes et internationales.

L’écosystème français est le premier de l’Union européenne, devant l’Allemagne et le deuxième de l’Europe géographique, derrière le Royaume-Uni, et notre taux de croissance est actuellement le plus rapide d’Europe.

Quels sont les principaux défis à relever pour les fintechs françaises ?

Nous faisons face à des défis structurels et conjoncturels.

  • Parmi les défis structurels, le financement reste un enjeu majeur. Fin 2022 et début 2023, les financements en fonds propres dans la technologie ont fortement chuté à l’échelle mondiale, avec une baisse de 60-70%. La situation s’est améliorée depuis, mais notre écosystème souffre d’un manque de structures comparables à celles d’autres grandes économies : pas de financements étatiques massifs comme en Chine ou aux USA, pas de fonds de pension ou de capitalisation comme aux États-Unis, et pas d’équivalent de marchés comme le Nasdaq, bien qu’Euronext progresse dans cette direction avec des résultats très prometteurs.

Un autre défi est la pression sur les ressources humaines. Nous recrutons continuellement, notamment dans les domaines technologiques. Malgré l’excellence des écoles françaises, notamment en sciences de la donnée, nous manquons de talents. Nous cherchons donc à attirer des talents internationaux et à faire revenir les nombreux talents français expatriés.

Enfin, la réglementation représente un troisième défi structurel. Cette réglementation, quasi totalement européenne, protège le consommateur et le marché, ce qui est essentiel, mais est particulièrement lourde, avec l’introduction de nouveaux “paquets” en 2024-25. Le risque de perte de compétitivité est permanent.

  • Concernant les défis conjoncturels, nous sommes, comme tous les entrepreneurs,  très préoccupés par la situation politique et financière actuelle en France.

Pour mémoire, la fintech est la première composante de la tech française avec ses 14 Licornes, ses 1 145 entreprises et plus de 50 000 emplois (représentant 30 % du Next40).

Mais notre dépendance aux investisseurs internationaux est forte, notamment pour les levées de fonds de grande envergure, où les acteurs locaux sont encore peu présents. Or, ces investisseurs sont devenus prudents, adoptant une posture attentiste qui risque de nous pénaliser.

L’incertitude et le manque de stabilité politique, fiscale et financière font encourir à nos entreprises un risque considérable.

Quels sont les grands axes stratégiques de votre association pour l’année à venir ?

Nous allons très prochainement publier le bilan annuel de la fintech française. Les résultats montrent un bon niveau d’activité : la fintech française a surpassé l’écosystème européen en termes de performances et a fait mieux, en moyenne, que le reste de la tech française. Nous avons constaté une belle reprise des levées de fonds, des recrutements, et du développement international des activités.

Nous allons aussi commencer à préparer notre événement annuel Fintech R:Evolution, qui est devenu la référence en France. Nous communiquerons bientôt sur les thèmes et les détails de cette édition.

2025 sera marquée par l’arrivée d’une grande quantité de nouvelles réglementations complexes. Ces adaptations sont cruciales et représentent un défi majeur pour les entreprises, qui doivent intégrer et gérer ces règles dans des délais serrés.

Notre ambition collective pour l’année à venir est de poursuivre la croissance et la consolidation des entreprises de l’écosystème. Nous souhaitons maintenir et accélérer le flux des recrutements, qui a été important en 2024 et devrait encore s’intensifier en 2025.

À propos de France FinTech

France FinTech est l’association qui représente les entrepreneurs de la fintech auprès de l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème. Elle est présidée par Alain Clot et Kristen Charvin en est sa déléguée générale.

Son comité directeur rassemble les fondateurs et dirigeants de +Simple, AML Factory, Anaxago, Defacto, Epsor, Kriptown, Lydia, Pennylane, October, Rosaly, Virgil.

Outre ses actions sur les terrains réglementaires et législatifs, ses nombreuses publications, ses ateliers et rencontres diverses, l’association organise chaque année l’événement de référence de l’écosystème, FinTech R:Evolution.

France FinTech est co-organisatrice de la French FinTech Week, membre du Forum Fintech ACPR-AMF et membre fondateur de l’EDFA (European Digital Finance Association).

Si vous voulez avoir plus d’informations sur France FinTech, leur site est accessible https://francefintech.org/ et vous pouvez les suivre sur https://fr.linkedin.com/company/francefintech

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.